Mocassins à la trace

Une performance imaginée et conçue par Olivier Saillard.

Des vêtements en nombre, nous avons tous l’expérience : la tentation, le regret parfois, l’obligation raisonnable et quotidienne toujours. Pour les chaussures, qui nous offrent la grâce d’allier utilité et fantaisie, il semble que nous ayons davantage de considération, respectueux des pas qu’elles nous permettent d’accomplir. Dans les chaussures, nous avons le luxe de nous déplacer, de marcher sous la forme la plus écologique de locomotion, la plus ancestrale aussi.

Nous pouvons nous diriger, hésiter, nous retourner, changer d’avis, trépigner, flâner et rêver. Dans ces « semelles de vents » si chères à Rimbaud, nous pouvons même imaginer nos vies, les créer avec poésie et traces.

Le souhait simple de réunir vêtements seconde peau et chaussures de sentiment nous a conduits à proposer à quelques personnes chères à la maison, une nouvelle façon de concevoir un chemin de création ici, chez J.M. Weston.

Chacune de celles et chacun de ceux qui ont bien voulu participer, nous ont confié un vêtement qui leur était particulier : un vêtement aimé, un vêtement choisi pour une part de vie partagée.

Dans ces souvenirs tissés, propres à chacune et à chacun, les ateliers de la manufacture J.M. Weston ont mesuré, délicatement séparé et découpé les géographies discrètes des pas, puis assemblé des mocassins inédits.

2026 sera une date anniversaire. En 1946, il y a 80 ans, naissait le mocassin 180. Aujourd’hui encore, il demeure fidèle à son dessin d’origine et aux savoir-faire multiples et uniques qu’il engage. Il ne pouvait y avoir de plus belle célébration que d’unir les formes intemporelles et inchangées de ce mocassin à ces morceaux de vie dont les vestiges de couleurs ont servi de peaux nouvelles.

Parce qu’il n’y a de luxe quand dans le rare, parce que le rare peut se loger dans le quotidien secret de chacun, nous sommes particulièrement fiers de présenter cette collection, véritable performance des gestes et des souvenirs, depuis les ateliers de Limoges à la scène de ce soir qui en ont permis sa réalisation.

Je veux croire en une haute couture de l’ordinaire, une haute couture de l’avant, celle qui reflète davantage le parcours de vie de chacun de nous qu’elle ne l’ignore. Puisse cette haute couture de l’intime, dont nous avons la conviction qu’elle saura nous conduire vers de nouveaux territoires, où la digne mémoire des femmes et des hommes peut servir de mètre étalon.