James Bort
Photographe et réalisateur, James Bort collabore régulièrement avec les plus grandes marques de haute couture, joaillerie, maroquinerie ou encore horlogerie, pour lesquelles il réalise films et campagnes publicitaires. Diplômé de l’École des Beaux-Arts de Paris, il débute sa carrière en créant le blog JamesBort.com, dans lequel il présente ses pérégrinations dans l'univers de la mode et de la création. Attiré par le clair-obscur des ateliers de couture, des coulisses de la mode et des opéras du monde entier, il est l’infiltré du milieu, l’ami des petites mains, des belles créatures et des grands créateurs.
En 2016, James Bort dévoile le livre Etoiles publié aux éditions du Cherche-Midi, dans lequel il révèle la puissance et la grâce des corps en mouvement des 18 danseurs étoiles de l’Opéra de Paris. Pour J.M. Weston, il a choisi de mettre en scène son univers, ses amis danseurs, sa « bande » à travers une création libre, livrant une interprétation personnelle des valeurs transmises par Le Moc’ Weston Edition 2016.
JAMES BORT
Interview réalisée à l'occasion de la sortie du film présentant le Moc' Weston Edition 2016
L’art de se chausser à l’art de se mouvoir… les pieds sont-ils pour vous plutôt acteurs ou spectateurs ?
Comme les mains, les pieds peuvent raconter beaucoup de choses d'une personne. Je demande souvent aux sujets d'être pieds nus lors de séances photos. La peau, les muscles, les tendons, tout est là et tout parle. Il y a deux choses qui me fascinent, les mains des sculpteurs et les pieds des danseurs.
Quand avez-vous été en contact pour la première fois avec la maison J.M. Weston ?
Cette rencontre s’est déroulée par touches diffuses, sur plusieurs années et cela, depuis mon enfance. D'abord un nom entendu lors de discussions d'adultes, un logo aperçu dans un magazine, un père né à Limoges, un oncle parisien qui portait ces fameuses Weston achetées sur les Champs Élysées. Puis des années plus tard, tout s’éclaircit, je rentre dans une boutique et achète mes premières bottines.
Porter une paire de Weston est-ce une forme de danse en soi ?
Porter des Weston, c'est porter un héritage et une charge émotionnelle forte. Cela me fait penser à ces danseurs de l'Opéra qui portent les costumes de leurs mythiques prédécesseurs où l'on peut encore lire le nom sur l'étiquette. En enfilant ces costumes, ils endossent aussi une responsabilité, une exigence. Porter des Weston, c'est entrer dans une danse qu'on ne contrôle pas.
Comment parvenez-vous à capturer l’instant d’une image ou d’une vidéo la grâce subtile des mouvements d’un danseur ?
Avant de photographier ou filmer un sujet, il faut longuement le regarder pour réussir à comprendre ce que l'on voit. Faire de la photographie, ce n'est pas appuyer sur un bouton, c'est penser. Rien ne va de soi, tout est affaire de travail. Dans le cas de la danse, il faut se nourrir de spectacles, de livres, de discussions avec des danseurs. Il faut ensuite comprendre ce que l'on veut mettre de soi dans chaque image. Je ne fais pas de photos de danse pour témoigner de ce qu'est la danse ou par goût du reportage. Je fais des photos de danse car les mouvements, les corps, l’âme des danseurs, sont des écrans sur lesquels je peux projeter mes réflexions et ma sensibilité. Je ne suis ni neutre, ni passif face au sujet, je suis acteur de la situation et j'agis en permanence avec ma caméra ou mon appareil. Je suis satisfait d'une image quand j'arrive à trouver cet équilibre et que celui qui la regarde y voit 50% du sujet et 50% de moi-même.
Dans la vidéo autour du Moc’ Weston 2016 vous explorez différentes formes de danses, quel message avez-vous souhaité transmettre ?
J'accompagne J.M. Weston dans son ouverture générationnelle. La danse est un langage universel et transgénérationnel, c'est donc naturellement que j'ai proposé un film sur la danse. J'ai réuni des danseurs de tous âges et pratiquant des danses différentes : danse de salon, danse classique, Cwalk, Airwalk, claquette, etc. J'ai voulu que le lâcher prise et la décontraction se mêlent à l'excellence et aux gestes très codifiés de ces danses. J.M. Weston, c'est l'excellence incarnée à la fois désinvolte et impertinente qui permet de se laisser aller, d’être dans une attitude totalement « cool ».
Une paire de chaussures J.M. Weston se transmet-elle ou est-elle devenue transgénérationnelle ?
La société change et J.M. Weston a assimilé ces changements. Culturellement et vestimentairement, les frontières père/fils et mère/fille se sont atténuées. Les vêtements et les chaussures ne sont plus aussi marquées générationnellement que par le passé. Le Moc' incarne parfaitement cette adaptation puisqu'il peut être aussi bien porté par les parents que par les enfants.